Le nouveau Programme Interreg VI Next Italie-Tunisie (2021-2027) a été élaboré dans l’objectif de renforcer la collaboration entre les deux pays transfrontaliers et assurer la continuité et maîtriser les résultats des deux programmes passés. Le programme s’inscrit dans la continuité et en complémentarité avec les Programmes Italie Tunisie 2007- 2013 et 2014-2020 pour avancer face aux défis que la nouvelle programmation et les attentes des territoires posent.
Le nouveau programme dispose d’un budget total d’environ 36 millions d’euros provenant du Fonds européen de développement régional (Feder), de l’instrument de développement et de coopération internationale de voisinage (Ndici) et de cofinancements nationaux, ce qui lui permettra de cofinancer et de soutenir le développement et la mise en œuvre de projets de coopération transfrontalière.
L’objectif global du Programme Next Italy-Tunisia est «d’exploiter le potentiel de croissance inexploité des deux territoires concernés, afin de réaliser un rééquilibrage économique, environnemental et social de la zone de coopération, soutenu par une croissance inclusive, un développement durable et une bonne gouvernance». Ledit programme vise à promouvoir l’innovation et la recherche, soutenir les PME, protéger l’environnement (énergie, changement climatique, eau…), renforcer les aspects d’inclusion sociale et de lutte contre la marginalisation.
L’espace de coopération éligible du Programme a été élargi par rapport au passé et comprend aujourd’hui 16 des 24 gouvernorats de la Tunisie et les neuf provinces siciliennes, couvrant un territoire total de 86 000 km² et une population de près de 14,5 millions d’habitants avec une densité de population d’environ 168 habitants par km²).
Plus précisément, la zone du Programme comprend pour la Tunisie : les gouvernorats de Bizerte, Ariana, Tunis, Ben Arous, Nabeul, Sousse, Monastir, Mahdia, Sfax, Beja, La Manouba, Zaghouan, Kairouan, Sidi Bouzid, Gabès et Médenine, tandis que pour l’Italie, elle comprend toute la région de la Sicile.
Comme pour les deux précédentes éditions du Programme, la responsabilité de la mise en œuvre est confiée à la région sicilienne –Présidence—Département de la programmation—qui joue le rôle d’Autorité de gestion.
Les objectifs stratégiques qui ont été sélectionnés dans le cadre d’un processus partagé et participatif sont les suivants:
-un espace de coopération plus compétitif et plus intelligent
-un espace de coopération résilient, plus vert et à faible émission de carbone
-un espace de coopération plus social et inclusif
-une meilleure gouvernance de la coopération
Une grande attention est accordée aux besoins spécifiques des territoires transfrontaliers à travers une forte implication de la société civile, une participation active des jeunes et des femmes, également à travers l’instrument des petits projets, et l’inclusion de projets de capitalisation.
Nouvelle vision
La capitalisation des expériences et la capacité de réponse efficace aux défis proposés par les territoires ont représenté la trajectoire vers la construction de la nouvelle vision du programme, afin d’accompagner l’harmonisation entre la politique de voisinage et la politique de cohésion, « compte tenu que le règlement 1059/2021 relatif à l’objectif ‘‘Coopération territoriale européenne’’ intègre l’instrument européen de voisinage, dans l’objectif de coopération territoriale européenne (Interreg) pour la période 2021-2027 ».
Ce passage représente un défi ambitieux: le dépassement des concepts d’intégration économique, sociale, institutionnelle et culturelle (objectif global de la période de programmation 2007-2013) et la construction d’une zone de prospérité partagée (l’objectif global de la période de programmation 2014-2020), pour poursuivre la cohésion économique, sociale et environnementale des territoires, afin de promouvoir la convergence et la solidarité en tant que fil conducteur pour la sélection des objectifs et des résultats à atteindre. Pourtant, l’objectif global du programme (Interreg VI-A) NEXT Italie Tunisie est celui d’«exploiter le potentiel de croissance inutilisé des territoires, pour atteindre un rééquilibre économique, environnemental et social de l’espace de coopération, soutenu par une croissance inclusive, un développement durable et une bonne gouvernance ».
Pour ce qui concerne l’économie, bien qu’il existe des différences significatives en termes de production de richesse, la Sicile et la Tunisie enregistrent des dynamiques de croissance économique peu performantes, dont la portée a été amplifiée par les effets de la pandémie du Covid-19.
La Sicile est l’une des régions les moins développées de la zone euro et occupe la 241° place sur 268 régions dans le classement de la compétitivité régionale. La Tunisie, elle, est l’un des pays classés à revenu faible ou moyen et occupe la 87e place sur 141 dans l’indice de compétitivité mondiale.
Transition verte et neutralité climatique
L’espace de coopération se caractérise par la présence d’un écosystème fragile soumis à des pressions qui menacent sa survie même. Dans ce contexte, l’utilisation non durable des ressources naturelles, comme la surexploitation des ressources en eau, la forte dépendance énergétique vis-à-vis des combustibles fossiles polluants, les effets de plus en plus désastreux des changements climatiques et l’incapacité à protéger la biodiversité et l’écosystème naturel, jouent un rôle essentiel. Trouver un équilibre entre le système écologique et le système économique est le défi du Green Deal européen, qui place la neutralité climatique au cœur du développement d’une économie moderne et efficace ainsi que de la nouvelle stratégie de l’Union « Bâtir une Europe résiliente », qui doit traduire l’ambition du Green Deal d’améliorer la résilience du territoire européen face aux effets du changement climatique, des ODD (Objectifs de développement durable de l’agenda 2030 des Nations unies) dont 7 concernent directement la conservation et la protection de l’environnement et des ressources naturelles . Soit aussi bien la Sicile que la Tunisie sont caractérisées par la présence d’importantes ressources endogènes (éolienne et solaire) potentiellement exploitables. Alors que la Sicile a rejoint un seuil d’utilisation de 25,7% des sources d’énergie renouvelables (SER), en Tunisie la production d’énergies renouvelables est encore marginale et ne représente que 5 % de sa production d’énergie ( GIZ, 2019). «Le scénario énergétique, bien qu’avec quelques différences fondamentales, enregistre toujours une nette prédominance dans l’utilisation de ressources non renouvelables pour la production d’électricité et pour alimenter les systèmes de transport ».
Bonne gouvernance
Pour répondre aux défis du nouveau programme, il devient stratégique d’améliorer la gouvernance de la coopération afin de renforcer l’engagement et améliorer la coordination, de faire évoluer les attentes des acteurs territoriaux et garantir une meilleure performance. La coopération multiniveau et transnationale entre les acteurs de l’espace de coopération est entravée par les disparités en termes de capacités institutionnelles et administratives, de développement organisationnel, d’apprentissage et de niveaux de développement socioéconomique. «L’identification et l’exploitation des bonnes pratiques et des actions de coopération qui identifient et traitent les problèmes est souhaitable».
Les besoins communs en matière d’investissements
Les besoins communs envisagés par le programme entraînent une variété de besoins d’investissement différents dans les domaines prioritaires. Une action approfondie dans le domaine, par exemple, de l’innovation et de la recherche, ou des mesures liées à la transition énergétique, ou bien orientées à des émissions de zéro carbone, nécessiteraient d’importants investissements surtout en infrastructures qui dépassent les ressources financières du programme. Pourtant, pour accompagner la dynamique des interventions, le programme s’appuie sur une trajectoire d’investissement «soft » tels que le développement de stratégies, de solutions, de projets pilotes mis en place par une approche commune.